AVIS SUR L'ÉCOLE ACTING INTERNATIONAL APRÈS 3 ANS DE FORMATION

Mitchell, Jérémy et Adrien : Interview croisée de trois jeunes acteurs en devenir, issus d'Acting International.

Mitchell Jean

Jérémy Margue

Adrien Pirotte

Bonjour Mitchell Jean, Jérémy Margue et Adrien Pirotte. Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions.

Vous sortez de trois années à l'école Acting International, qui se sont terminées par dix représentations de la pièce « Le Dindon », de Feydeau. Très simplement, spontanément, que retenez-vous de cette formation ?

Jérémy  : Du plaisir, je dirais.

Mitchell  : Des hauts et des bas, mais, au final, du plaisir quand même. Cela a été très passionnant et génial.

Adrien  : J'attendais avant tout une formation technique, ce que j'ai eu. Un autre point très important était de faire des rencontres, je suis très content car je les ai faites. Surtout en troisième année, où nous avons vraiment commencé à travailler ensemble. Des rencontres pas uniquement avec des camarades de ma promotion, aussi avec ceux des promotions précédentes ou suivantes.

Jérémy  : Je suis d'accord avec tout cela. Cette formation m'a aussi rassuré sur ce que j'aime. On peut avoir envie de faire du théâtre mais, en en faisant, on peut se rendre que ce n'est pas ce que l'on avait imaginé. C'est tout l'inverse pour moi, cela m'a donné l'envie de continuer dans ce domaine. C'est vraiment ce que j'aime et ce que j'ai envie de faire. Le théâtre nécessite énormément de travail et beaucoup d'envie. Je suis content et rassuré, j'ai à présent encore plus envie de découvrir plein de choses. Je pense que l'on n'est qu'au début, nous n'en avons qu'une petite vision pour le moment. Je remercie l'école pour ça. Se retrouver avec des personnes qui ont cette même envie est quelque chose de magique. J'ai rencontré des gens qui font du théâtre depuis toujours, d'autres qui avaient un métier totalement différent de la comédie et qui se sont lancés dans cette aventure.

Avis Acting International

Nous le disions, ce cycle s'est achevé par dix représentations de Feydeau. A chaud, quels souvenirs gardez-vous de ces passages sur scène ?

Mitchell  : Je dirais encore le même mot, "Génial". Cela a été vraiment dur à travailler je trouve mais c'est vrai que, au fur et à mesure, j'avais l'impression de passer des caps. Techniquement, j'ai eu le sentiment d'avoir appris énormément en termes de jeu. J'ai senti réellement ce qu'est le métier d'acteur dans toute sa complexité. Je me suis senti presque professionnel.

Adrien  : Feydeau est quelque chose de costaud. A l'annonce du choix de la pièce, je me suis de suite demandé si nous avions le niveau. Même deux semaines avant la première, je n'étais pas serein. Jusqu'à lors, nous avions fait principalement des scènes. Mais pas encore une pièce entière, qui plus est technique, précise et longue. Finalement, tout s'est très bien passé. Les retours du public ont été magnifiques. Sur le moment, les rires nous ont donné de l'énergie, ils sont venus habiller les interstices entre les répliques, cela m'a transporté. C'était aussi une première pour moi de jouer dix soirs d'affilée la même chose devant un public. Cela donne effectivement un aperçu de ce que c'est que d'être pro.

Mitchell  : Cela me confirme que je veux faire ce métier. La formation a quand même été de plus en plus difficile au fur et à mesure, les défis de plus en plus relevés. Au premier trimestre nous avions un cours intitulé « seul en scène » ou l’on travail sur l’écriture d’un sketch qui aboutit au final a une représentation. Le jour J j'étais tétanisé avant de faire mon stand-up. Puis j’arrive sur scène et j’oublie tout ça je suis comme a la maison . C’était pas facile mais nous y sommes arrivés, c'est gratifiant. Le boulot, au final, a payé.

Jérémy  : Nous avons beaucoup répété, ce n'est jamais facile, surtout en comique. Car nous n'avions pas alors de retour direct de ce que l'on faisait. Au bout d'un moment, on se posait quand même des questions. Il a donc fallu faire un gros travail sur la confiance. Lorsque la première est arrivée, on s'est rendu compte qu'on était drôle, que tout le travail effectué payait. Cela nous a donné de la liberté sur scène, pour explorer des choses que l'on n'avait pas bossées mais qui sortaient naturellement de part le travail sur le personnage. Dans les dix représentations, plein de choses non prévues se sont passées, certains couacs, certaines improvisations auxquelles il a fallu réagir. C'est ce qui est magique  : il y a le travail en amont mais il y a aussi la scène. Dans le comique, j'aime beaucoup ce retour direct du public. Pour moi, c'est un peu du stand-up mais avec un personnage. Si l'on envoie ce qu'il faut, les gens réagissent et nous renvoient quelque chose, c'est là que l'adrénaline monte et que l'on fait des choses que l'on n'avait pas prévues. Pour revenir sur ce que disaient mes camarades, nous ne faisions avant que des spectacles d'une dizaine de minutes, cela ne nous permettait pas de voir la complexité d'un personnage en entier. Au début, au milieu ou à la fin, il n'est jamais pareil. Quand on joue le début, cela nous aide pour la fin. Jouer la fin nous aide pour jouer le début le lendemain. C'est vrai que l'on a touché du doigt le fait d'être acteur, ce fut le fruit du travail effectué, la plus belle des récompenses. Quand, en sortant, des gens que je ne connaissais pas m'ont dit que c'était bien, j'étais ravi. Pour moi, il n'y a rien de plus beau. Franchement, ce fut super et cela me donne la force d'avancer. Nous ne sommes plus à l'école, nous n'avons plus de sécurité. C'est maintenant qu'il faut être fort mais ce que nous avons fait sur cette pièce nous donne l'énergie pour la suite.

Justement, après ces trois années de formation, après ces dix représentations, après tout ce que vous avez découvert et touché du doigt, vers quels domaines artistiques aimeriez-vous vous tourner ?

Jérémy  : Je suis ouvert à tout. Pour mon plaisir, je voudrais faire du théâtre. Je trouve que le cinéma est un peu fake, c'est coupé, on ne parle pas vraiment avec la personne. Même si j'ai quand même envie d'en faire aussi, mais moins par plaisir que les planches. On peut y trouver du plaisir si les choses sont bien faites. A l'avenir, si je pouvais faire du théâtre et du cinéma, je serais le plus heureux du monde.

Mitchell  : On se rejoint beaucoup sur nos idées. En arrivant dans cette école, j'étais davantage attiré par le cinéma, j'avais même choisi cette voie-là pour la première année. Avant de me tourner vers le théâtre en deuxième année, art que j'ai alors découvert et beaucoup apprécié. C'est vrai que, maintenant, je me vois davantage faire du théâtre mais j’aimerais également faire du cinéma.

Adrien  : Le retour est direct, c'est génial.

Jérémy  : C'est aussi l'instant présent. On doit jouer de suite, pour une heure. Ce n'est pas coupé, on a le temps de vivre ce que vit la personne. Alors que, au cinéma, on le vit mais avec énormément de gens autours, avec des coupures aussi. Le théâtre est dans la continuité, il représente le moment présent de ce qui se passe. Tous les soirs, on redécouvre, on trouve de nouvelles choses qui font la vérité. Au cinéma, on est guidés, orientés, sur les planches, c'est plus le ressenti, ce qui se passe en nous qui nous fait bouger, parler, regarder. C'est vraiment cela jouer.

Adrien  : Pour ma part, je serais même encore plus large. Le théâtre, oui, le cinéma, oui mais je crois aussi beaucoup en internet. Je suis moi même client de cela, j'adore les fictions, les sketchs et les web séries que l'on peut retrouver sur la toile. Cela m'intéresse énormément, j'ai commencé un peu à en faire et j'aimerais continuer. J'aimerais également être de plus en plus de l'autre côté. J'ai déjà eu l'occasion de me tester à la réalisation, au cadrage, à la technique et j'ai pris pas mal de plaisir. Je n'arrêterai pas de jouer pour n'être que derrière la caméra, j'ai envie de toucher à tout, je n'ai pas envie de me restreindre à une seule chose.

Si je devais vraiment préciser une envie directrice, ce serait de faire des choses qui me font kiffer en tant que spectateur. Si j'en ai l'occasion, j'adorerais rentrer dans des univers particuliers. Il me tiendrait à cœur aussi, plus tard, de développer le mien.

Jérémy  : Je te rejoins sur cela, c'est vrai que l'écriture, la création de A à Z, la réalisation sont des domaines qui m'attirent aussi. Je n'ai pas ces capacités mais j'aimerais réunir des personnes autours d'une idée. J'aime être à toute les étapes d'un projet. En tant que comédien, on nous dit de faire puis, au montage, nous n'avons pas ce regard pour le choix.

Pour terminer, quels sont vos projets du moment ? 

Mitchell  : On travaille avec quelques anciens élèves de la classe sur une autre pièce, dramatique cette fois, « Maladie de la jeunesse » de Ferdinand Bruckner . C’est une pièce qui traite des problèmes d’une jeunesse étudiante dans l’entre-deux-guerres. On souhaiterait tout d’abord la proposer à l'école pour septembre et par la suite la jouée ailleurs . A titre plus personnel, j'ai quelques projets de courts métrages et je continue de faire des castings pour des films ou en publicité. L'école nous a donné cette opportunité d'apprendre à tout jouer.

Adrien  : Une de nos camarades a pour projet de monter une adaptation de Richard III, où Richard serait une femme. Je jouerais l'un des personnages de ce spectacle. J'ai aussi un court métrage au programme cet été. J'aimerais beaucoup reprendre le stand up, un domaine que j'ai découvert pendant la formation. J'en reviens toujours à la même chose, c'est quelque chose que j'adore en tant que spectateur. Avant, je n'avais jamais envisagé de le faire, à présent, j'adorerais participer à des scènes ouvertes.

Avec cinq autres personnes rencontrées à l'école, nous avons formé un collectif de vidéos Youtube, «  Le Show Sûr ». Pour faire des sketchs de fiction humoristique. Nous avons déjà sorti trois vidéos. J'espère que l'on va continuer et que nous irons le plus loin possible.

Jérémy  : Je suis sur le même projet de théâtre que Mitchell, un projet très intéressant. Plusieurs représentations durant l'année pourraient se faire dans les locaux de l'acting. Nous avons aussi créé une troupe dans ce sens pour proposer la pièce à d'autres théâtres.

On a également développé un café-théâtre aux Buttes de Chaumont, « L'Olympe bar ». C'est une salle qui peut accueillir une cinquantaine de personnes, nous y faisons des scènes ouvertes que j'anime. Cela reprendra à la rentrée, toujours avec des artistes à qui on laisse totale liberté. J'aimerais aussi, toujours dans ce lieu, créer un spectacle plus écrit, plus carré, plus cadré. Qui parlerait d'actualité, aussi dans l'humour, en parallèle des scènes ouvertes. Plus généralement, ces différents projets, ces créations personnelles m'aideront, je l'espère, à me vendre, à me mettre en avant, à montrer que je sais faire. Plutôt que de me présenter en tant que quelqu'un qui dit qui sait faire. Aujourd'hui, il faut savoir être bon, communiquer et être couteau suisse. Être acteur, c'est être entrepreneur.

Ce fut un plaisir d'échanger avec vous trois !

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